Joueurs de dés. Fresque romaine ornant l’arrière-salle de l’Osteria della Via di Mercurio, à Pompéi. Photo: Wikimedia

Le jeu des osselets

Les jeux sont aussi vieux que les hommes. Dans l’Antiquité, on se servait d’os de forme spéciale en guise de dés.

Schweizerisches Nationalmuseum

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Le Musée national Suisse est le musée d’histoire culturelle le plus visité de Suisse.

L’astragale est un os du tarse postérieur chez les mammifères. Appelé également talus, il sert de pivot pour étendre ou fléchir la cheville, et donc pour marcher et sauter. Dès l’époque préhistorique, on transformait ces os en pendentifs. Ils étaient également utilisés à des fins ludiques mais aussi rituelles, pour prédire l’avenir. Il semble que leur forme ait de tout temps fasciné.

Un astragale de mouton, de chèvre, de bœuf, de chevreuil et de cerf comporte quatre faces planes. Suivant le principe aléatoire, il atterrit forcément sur l’une de ses quatre faces lorsqu’on le lance ou qu’on le roule. On en a confectionné des imitations en or, en argent, en bronze, en plomb, en verre ou en terre cuite, que l’on utilisait aussi comme pendentifs ou comme dés.

Au Moyen-Orient et au Proche-Orient, il n’est pas rare de trouver des astragales de mouton dans des tombes d’enfants. Leur nombre était proportionnel à l’habileté de ces derniers car les osselets des joueurs défaits revenaient au gagnant. Il traduit aussi la taille du troupeau de moutons que possédait la famille car chaque fois qu’une bête était abattue, la collection de l’enfant s’enrichissait de deux nouvelles pièces.

Grâce aux sources iconographiques et écrites dont nous disposons, nous savons comment l’on jouait aux astragales dans l’Antiquité. A l’époque romaine, les jeux de dés étaient très prisés: on inscrivait un chiffre allant de 1 à 4 sur chacune des faces de l’os. Et comme aujourd’hui, on obtenait la valeur figurant sur la face sur laquelle le dé s’arrêtait. Lorsqu’on lançait quatre astragales, le nombre des combinaisons possibles s’élevait à 35. Deux d’entre elles revêtaient une valeur particulière: le « coup de Vénus » (quatre chiffres différents), qui permettait à son auteur de gagner à tout coup. La combinaison 1-3-4-6 était notamment considérée comme un symbole de chance et donc souvent inscrite dans le plomb des ancres marines. Par contre, le « chien » (quatre fois le 1) était toujours perdant. On polissait parfois les faces où figuraient le 1 et le 3 afin d’améliorer la probabilité de réaliser un score élevé. Bien avant l’invention de l’ordinateur, on manipulait donc visiblement la fréquence statistique pour forcer sa chance…

Statue représentant une fillette jouant avec des dés en astragale, 130-150 av. J.-C. Collection antique de Berlin. Photo: Wikimedia

Astragale romain en bronze, Grèce. Photo: Musée national suisse

Joueurs de dés. Fresque romaine ornant l’arrière-salle de l’Osteria della Via di Mercurio, à Pompéi. Photo: Wikimedia

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