Historien et chef de la communication du Musée national suisse.
Un lit est une chose assez intime. La plupart des gens, lorsqu’ils reçoivent, ferment la porte de la chambre, mais il n’en a pas toujours été ainsi. À la cour du roi de France Louis XIV, la chambre à coucher était non seulement un lieu public, mais aussi une scène de choix pour les démonstrations de pouvoir du souverain. Louis XIV se voyait comme la personnification du soleil qui se lève et se couche, et ses sujets devaient se soumettre à son cycle comme à celui de l’astre du jour. Lorsque le Roi-Soleil se levait, il fallait lui rendre hommage. Lorsqu’il se mettait au lit, c’était un public choisi qui assistait à ce «coucher de soleil».
Le lit de Louis XIV devint un objet de représentation, l’incarnation du pouvoir royal au même titre que le trône. Beaucoup de princes européens reprirent à leur compte l’habitude du Roi-Soleil, recevant leurs courtisans dans de somptueuses chambres à coucher.Même si la Confédération n’eut jamais de roi à sa tête, le faste monarchique et les mises en scène prestigieuses entre les murs de la chambre à coucher se répandirent dans les riches maisons bourgeoises. On exhibait volontiers le savoirfaire d’un artisan pour impressionner les visiteurs. Fort heureusement, nombre de ces objets ont été conservés et font désormais partie des collections du Musée national suisse.
Le lit, source de chaleur
On faisait également chambre ouverte dans les classes les plus défavorisées de la société, mais pour de tout autres raisons. En effet, jusqu’au XVIIIe siècle, il était tout à fait commun de voir des couches partagées par de nombreuses personnes – hommes et femmes, adultes et enfants, employés et invités. Pour une raison fort simple : à cette époque, le lit était, avec le poêle, la seule source de chaleur de la maison. Un siècle plus tard, l’industrialisation entraîna une pénurie de logements dans les grandes villes, et les familles pauvres commencèrent à partager leurs lits. Elles les louaient à des ouvriers qui y dormaient la journée (parce qu’ils effectuaient par exemple un travail posté) et gagnaient ainsi de quoi arrondir les fins de mois. Une pratique qui ne fut pas sans conséquence, puisqu’elle fut l’un des principaux vecteurs de la diffusion fulgurante de maladies et de vermines comme les poux ou les acariens.Les habitudes changèrent de nouveau à mesure que se répandirent des comportements plus hygiéniques tout au long du XIXe siècle : de public, la chambre devint un lieu privé. Dans les années 1960, la jeunesse modifia une nouvelle fois la donne, John Lennon et Yoko Ono en tête, qui refirent de la chambre un lieu de réception avec leurs bed-in pour la paix, en 1969. Mais ceci est une autre histoire (de lits)…
Comment dormait-on en Suisse, loin de l’étiquette de la cour du Roi-Soleil ? Une visite à travers la chambre à coucher des XVIIe, XVIIIe, XIXe et XXe siècles montre l’évolution des lits et de la literie, mais aussi un aperçu de la vie en commun. Le meuble le plus important de l’humanité est présenté au travers de pièces sélectionnées dans les collections du Musée national suisse.
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