Hôtel de Ville de Stans, Diète fédérale, 1481 (détail).
Hôtel de Ville de Stans, Diète fédérale, 1481 (détail). Corporation de Lucerne, chronique de Diebold Schilling, S 23 fol.

Stans 1481: le retrou­vons-nous à notre époque?

Cinq ans de querelle acharnée entre les cantons-villes et les cantons campagnards. Six tentatives avant de parvenir à une solution signée par les huit anciens cantons et valable pour deux nouveaux alliés: Fribourg et Soleure. Se pourrait-il que cet événement peu banal résonne encore dans la mémoire collective contemporaine? Exploration de quelques hypothèses.

Kurt Messmer

Kurt Messmer

Kurt Messmer travaille comme historien spécialisé dans l’histoire au sein de l’espace public.

Lors de la Diète de Stans le 30 novembre 1481, la décision est prise à l’unanimité entre les représentants des huit premiers cantons fédéraux et ceux des cantons de Fribourg et de Soleure. Tous les gouvernements qui sont rapidement tenus informés de l’événement l’approuvent sans réserve. Pourtant, Uri, Schwytz et Unterwald font à nouveau barrage. Pour être intégrés dans la Confédération, Fribourg et Soleure doivent accepter de voir leurs droits restreints. On se remet alors autour de la table à Stans. Les négociations commencent le 18 décembre, un compromis est trouvé le 22. Un casse-tête de premier ordre! Typiquement suisse, dites-vous? Vous n’avez peut-être pas tort. Retour sur les origines de cet épisode.

Bourgogne vs. Berne: la guerre est déclarée.

La Bourgogne est en plein «automne du Moyen Âge»: malgré une culture de cour des plus raffinées, les ambitions politiques sont plutôt grossières. Charles le Téméraire (1433-1477) a pour objectif de créer un royaume entre la France et l’Allemagne, depuis les Pays-Bas au nord jusqu’aux territoires bourguignons, englobant le Luxembourg et la Lorraine. À la frontière sud, la Savoie alliée s’étend jusqu’à la mer Méditerranée.
Configuration politique avant les guerres de Bourgogne de 1474 à 1477
Configuration politique avant les guerres de Bourgogne de 1474 à 1477. Avec les territoires hypothéqués par l’Autriche en Alsace, en Brisgau et au sud du Rhin, la Bourgogne devient la voisine directe de la Confédération. Pour faire contrepoids face au bloc bourguignon et savoyard à l’ouest, la «Basse-Union» voit le jour à l’est en 1474/75. Elle émane de Strasbourg, Bâle, Colmar et Sélestat, quatre villes libres du Rhin supérieur. Rapidement, les évêques de Strasbourg et de Bâle la rejoignent, de même que les huit premiers cantons de la Confédération, Soleure et le duc d’Autriche Sigismond de Habsbourg. Fribourg et le comté de Gruyère constituent une zone tampon: pays alliés de la Confédération, ils se situent dans la sphère d’influence savoyarde. Marco Zanoli / Wikimedia
Au sein du Conseil de Berne, l’humeur est à l’expansion. D'ici à la guerre, il n’y a qu’un pas. Grâce à l’avoyer Niklaus von Diesbach, le camp des belligérants prend le dessus et Adrien de Bubenberg, le meneur des modérés, est chassé du Conseil. La voie est libre. Le 25 octobre 1474, Berne déclare la guerre au duc de Bourgogne, sans en informer les autres cantons suisses. Quelques jours plus tard, un Bernois conduit la Ligue antibourguignonne pour une campagne en Franche-Comté et y remporte une victoire à Héricourt. 16 chefs ennemis y sont faits prisonniers, puis menés à Bâle afin d’y être exécutés publiquement sur le bûcher. La terrible réputation des anciens guerriers suisses étudiée dans Der Alte Schweizer und sein Krieg n’est pas usurpée. L’année suivante, Berne et Fribourg, soutenus par Lucerne, envoient des troupes en Suisse romande. Celles-ci s’emparent rapidement de 16 villes et 43 châteaux. Partout, elles assujettissent de force les vaincus. Les autres cantons fédéraux se désolidarisent dans un premier temps de l’expansion inconsidérée de Berne. Ils ne font d’ailleurs appel à elle qu’au dernier moment dans la guerre qui se prépare. «Charles le Téméraire perdit à Grandson le bien, à Morat le courage, à Nancy la vie». Si l’on en croit l’adage, le noble duc est l’unique victime du conflit. Évidemment, il n’en est rien.
Pendaison et noyade de la garnison bourguignonne de Grandson par les Confédérés. Une preuve de la brutalité de la guerre à cette époque. Copie réalisée par Christoph Silberysen en 1572 d’après l’Eidgenössische Chronik de Werner Schodeler de 1510.
Pendaison et noyade de la garnison bourguignonne de Grandson par les Confédérés. Une preuve de la brutalité de la guerre à cette époque. Copie réalisée par Christoph Silberysen en 1572 d’après l’Eidgenössische Chronik de Werner Schodeler de 1510. Bibliothèque cantonale d’Argovie
Détail du panorama monumental La bataille de Morat, réalisé en 1893 par le peintre historique allemand Louis Braun.
Détail du panorama monumental La bataille de Morat, réalisé en 1893 par le peintre historique allemand Louis Braun. L’œuvre a été présentée à l’Expo.02, puis à nouveau entreposée en lieu sûr. On y voit ici la guerre dépeinte comme une fête costumée. murtenpanorama.ch
Ces événements marquent-ils le début d’une politique de grande puissance de la Confédération? Dès 1476, les Confédérés rendent le Vaud à la Savoie contre une petite somme d’argent. Pour un montant légèrement plus important, ils vendent la Franche-Comté à la France en 1479. Les cantons campagnards sont les plus méfiants vis-à-vis de Berne. Le trouble au sein de la Confédération est déjà manifeste. Que se passera-t-il si le pouvoir de Berne continue de s’étendre?

Jérusalem de l’Occident

Les Confédérés se croient «sous la protection de Dieu tout-puissant» et il se dit même ultérieurement que «grâce à Dieu, aucun des pieux Confédérés ne mourut sur le champ de bataille». Qui pourrait en dire autant? Il n’en reste pas moins que la Bourgogne échoue: Charles le Téméraire ne parvient pas à conquérir les territoires convoités et les Confédérés ont l’avantage. Trois victoires sont remportées contre l’armée la plus puissante d’Europe. «Pourtant, personne ne connaît ces Confédérés, leur terre, leurs coutumes ni leurs mœurs», déclare Albrecht von Bonstetten (1442–1504), doyen de l’abbaye d’Einsiedeln. Pour y remédier, il conçoit quatre cartes, qui se lisent comme une genèse de la Confédération. Sur la première, on aperçoit Atlas qui fait se lever et se coucher le soleil. La deuxième représente la situation géographique d’Affrica, Asia et Europa. La troisième est consacrée à l’Europe: elle montre les Alpes entre Italia, Alamania et Gallia. Le contenu de la quatrième est quant à lui proprement incroyable: Bonstetten fait du Rigi le point central de la Terre et l’entoure des huit premiers cantons de la Confédération. L’œuvre est accomplie: le peuple «élu» est le centre du monde.
Après les guerres de Bourgogne, le doyen Albrecht de Bonstetten fait de la Confédération la Jérusalem de l’Occident. Le Rigi, «Regina montium, Rigena», devient le roi des sommets, équivalent du Mont du Temple. Le moine indique les points cardinaux: Meridies (sud, en haut), Occidens (ouest), Septentrio (nord, en bas), Oriens (est); ainsi que les noms des huit cantons (dans le sens des aiguilles d’une montre en partant du haut): Urania (Uri), Underwaldia, Berna, Lucerna, Thuregum (Zurich), Zug, Clarona (Glaris), Zwitta (Schwytz).
Après les guerres de Bourgogne, le doyen Albrecht de Bonstetten fait de la Confédération la Jérusalem de l’Occident. Le Rigi, «Regina montium, Rigena», devient le roi des sommets, équivalent du Mont du Temple. Le moine indique les points cardinaux: Meridies (sud, en haut), Occidens (ouest), Septentrio (nord, en bas), Oriens (est); ainsi que les noms des huit cantons (dans le sens des aiguilles d’une montre en partant du haut): Urania (Uri), Underwaldia, Berna, Lucerna, Thuregum (Zurich), Zug, Clarona (Glaris), Zwitta (Schwytz). Bibliothèque nationale de France
Les victoires successives de Confédérés ne passent pas inaperçues: après avoir écrasé la Bourgogne à trois reprises, les mercenaires suisses sont prisés dans toute l’Europe. Leur tarif augmente. «Et il entra beaucoup d’argent dans le pays», souligne la chronique zurichoise. Les perspectives sont étincelantes. À tel point que les Confédérés aveuglés se dirigent tout droit vers l’abîme.

Factions de va-t-en-guerre

Le butin bourguignon composé de 400 canons, 800 fusils et 30 tonnes de poudre à canon dépasse l’entendement. Mais ces «biens volés» sont «maudits». Les soldats d’Uri et de Schwytz, qui reviennent de la bataille de Nancy à l’aube de l’année 1477, ne sont pas satisfaits de la répartition des richesses dérobées. Ils fondent la «Société de la Folle Vie» et se mettent en route pour la Suisse romande pendant le carnaval, accompagnés de 1700 hommes. Plusieurs années auparavant, ils ont épargné à Genève une invasion. Mais, à l’époque, la ville ne disposait pas de la somme suffisante pour verser la rançon. Les révoltés sont désormais résolus à récupérer leur dû. La tension est à son comble.
Reproduction de l’étendard original au Museum Burg de Zoug, d’après une illustration tirée de la Chronique de Berne de Diebold Schilling le Vieux, 3e volume (1478-1483), p. 873 entre autres.
Ceci n’est pas une truie. L’étendard bleu foncé des «fous compagnons» de 1477 représentait un sanglier et une massue, signes de mécontentement. Le célèbre drapeau satirique figurant un fou, une truie et trois porcelets n’est inventé que deux siècles plus tard par une communauté de jeunes Zougois. Reproduction de l’étendard original au Museum Burg de Zoug, d’après une illustration tirée de la Chronique de Berne de Diebold Schilling le Vieux, 3e volume (1478-1483), p. 873 entre autres. Kurt Messmer
Les emblèmes officiels d’Uri et de Schwytz font donc partie du cortège et sont même mis en avant. Les autorités bernoises ordonnent que la mention des drapeaux soit retirée de la chronique officielle de la ville. Impossible, toutefois, de dissimuler le fait qu’une horde de va-t-en-guerre est désormais hors de contrôle. La guerre officielle et la guerre des factions armées se mélangent. La gravité de la situation se mesure à la réaction des villes, qui mettent tout en œuvre pour stopper la machine. Des ambassadeurs de Berne, Genève, Bâle et Strasbourg se pressent auprès de la nuée de soldats, qui a déjà atteint Payerne et Lausanne. La «Société de la Folle Vie» est courtisée. Genève est contrainte de remettre l’intégralité du contenu de ses caisses. Finalement, quatre tonneaux de vin sont amenés aux frais de la ville et chaque soldat reçoit deux florins en espèces sonnantes et trébuchantes. Fin de l’histoire, retour au bercail.

Scission?

Les villes apprennent vite, surtout celles qui entendent passer des contrats lucratifs avec la France et la Savoie. Il ne faudrait pas que les voisins européens aient l’impression que le chaos règne au sein de la Confédération. Seules les factions armées citadines sont légitimes, et uniquement lorsqu’elles sévissent au bon endroit, au bon moment. Berne, Zurich, Lucerne, Fribourg et Soleure se méfient des cantons campagnards et concluent un traité de combourgeoisie. Une organisation parallèle voit le jour, sorte de deuxième Confédération citadine.
L’expédition de la Folle Vie pousse Berne, Lucerne et Zurich à former une alliance avec Fribourg et Soleure, qui ne font pas encore partie de la Confédération en 1477. En vertu de cet accord, les citoyens des villes alliées sont également citoyens des quatre autres villes. Cette décision déclenche une âpre querelle avec les cinq cantons campagnards, notamment Uri, Schwytz et Unterwald. En raison de sa landsgemeinde, Zoug fait aussi partie du camp campagnard. Au terme d’un bras de fer acharné et grâce à l’intercession de Nicolas de Flue, une solution est trouvée lors de la Diète de Stans en décembre 1481. Kurt Messmer / Musée national suisse
La colère gronde dans les cantons campagnards, qui s'inquiètent désormais de leur survie. En 1478, Obwald verse un peu plus d’huile sur le feu en essayant de mettre la main sur l’Entlebuch voisin, qui appartient à Lucerne. Les cantons citadins et les cantons campagnards sont à couteaux tirés. Ce n’est que cinq ans plus tard que le conflit est définitivement réglé à Stans.
En haut: À Flüeli-Ranft, devant la chapelle, Heimo Amgrund, curé de Stans (au milieu), et un compagnon (à gauche) prennent congé de Nicolas de Flue. En bas: salle du conseil à Stans. Le compagnon en robe bleue remet à la Diète le message de Nicolas de Flue, dont le libellé exact est inconnu. À côté de lui, Amgrund retient le sautier d’Unterwald, qui veut annoncer immédiatement la décision sur la place du village.
En haut: À Flüeli-Ranft, devant la chapelle, Heimo Amgrund, curé de Stans (au milieu), et un compagnon (à gauche) prennent congé de Nicolas de Flue. En bas: salle du conseil à Stans. Le compagnon en robe bleue remet à la Diète le message de Nicolas de Flue, dont le libellé exact est inconnu. À côté de lui, Amgrund retient le sautier d’Unterwald, qui veut annoncer immédiatement la décision sur la place du village. Corporation de Lucerne, chronique de Diebold Schilling, S 23 fol.
L’ermite respecté Nicolas de Flue contribue à l’arbitrage de la querelle, sans toutefois se rendre en personne à Stans. L’introduction originale du convenant de Stans se lit «comme un sermon de Nicolas de Flue librement restitué».

Quadra­ture du cercle

Le convenant de Stans confirme les principes de la Charte des prêtres de 1370, qui mentionne la Confédération pour la première fois («unser Eydgnoschaft»), ainsi que du convenant de Sempach de 1393, qui vise à limiter les pratiques guerrières violentes. Cependant, l’accord de 1481 n’est pas une constitution. Suite aux guerres de Bourgogne et à la querelle sur le traité de combourgeoisie, il faut faire preuve de pragmatisme: des principes essentiels sont définis et des mesures sont adoptées. Ainsi, les cantons doivent désormais avoir une part égale des territoires et des droits seigneuriaux conquis. Le butin, quant à lui, est réparti en fonction des effectifs des troupes impliquées. L’admission de Fribourg et de Soleure dans la Confédération constitue un point d’achoppement. Il est initialement prévu que les deux cantons soient cosignataires de l’accord, mais cette idée est abandonnée fin 1481, sur l’insistance des trois cantons centraux. Le convenant de Stans n’est authentifié que par les sceaux des huit premiers cantons, sans ceux de Fribourg et de Soleure.
Convenant de Stans du 22 décembre 1481. Un document orné de huit sceaux, valable pour dix cantons (facsimilé).
Convenant de Stans du 22 décembre 1481. Un document orné de huit sceaux, valable pour dix cantons (facsimilé). Musée national suisse
C’est là que réside le coup de génie: deux documents sont établis. L’encre du convenant de Stans n’est pas encore sèche qu’un deuxième accord est déjà rédigé pour intégrer Fribourg et Soleure dans la Confédération, avec cependant quelques restrictions. Le casse-tête se solde par un match nul: cinq contre cinq. Cinq cantons-villes, cinq cantons campagnards.  Un match nul, vraiment? En réalité, c’est la Confédération qui l’emporte. Une victoire de justesse, pendant le temps additionnel. L’une des clés du succès réside dans le fait qu’aucun des deux camps ne perd la face. Les cantons campagnards obtiennent la dissolution de l’alliance citadine. En contrepartie, les villes gagnent l’adhésion de Fribourg et de Soleure à la Confédération. Une réussite importante. «Stans 1481» est synonyme d’unification dans l’esprit porté par Nicolas de Flue, saint du pays.

Émergence d’un cartel

Avant que le respect et le mythe ne fassent écran à notre esprit critique, il convient cependant de noter que 1481 marque l’émergence d’un cartel, qui, au cours des trois siècles suivants, se montre certes passablement paternaliste, mais ferme les fronts au-delà des frontières religieuses et frappe sans pitié lorsque l’on touche à son pouvoir. Les principes politiques sont efficacement appliqués. L’«emploi de la force par malignité» est interdit. Les sujets ne peuvent pas se réunir sans l’assentiment des autorités, ce qui limite considérablement leurs possibilités d’action politique. Les gouvernements s’engagent en outre à se prêter mutuellement assistance sur le plan militaire en cas d’éventuelle insoumission ou de défection manifeste.
Stans 1481: sur la place du village, des hommes ont une discussion animée en attendant des nouvelles sur le déroulement de la Diète (détail). À droite, l’hôtel de ville: rénové en 1484, le bâtiment en pierre possède une coursive en bois sur deux côtés. Au premier plan, une immense clôture, l’Etter: cette frontière juridique empêche également que le bétail et les animaux sauvages ne pénètrent dans le village. Pour un bourg comme Stans, elle joue un rôle similaire à celui d’un mur d’enceinte pour une ville.
Stans 1481: sur la place du village, des hommes ont une discussion animée en attendant des nouvelles sur le déroulement de la Diète (détail). À droite, l’hôtel de ville: rénové en 1484, le bâtiment en pierre possède une coursive en bois sur deux côtés. Au premier plan, une immense clôture, l’Etter: cette frontière juridique empêche également que le bétail et les animaux sauvages ne pénètrent dans le village. Pour un bourg comme Stans, elle joue un rôle similaire à celui d’un mur d’enceinte pour une ville. Corporation de Lucerne, chronique de Diebold Schilling, S 23 fol.

Observer le passé pour comprendre le présent: cinq leçons à tirer

Leçon n° 1. L’épisode de 1481 à Stans est un exemple qui illustre parfaitement un élément récurrent dans l’histoire de l’ancienne Confédération: le ciment qui unit les partenaires indépendants fédérés n’est pas le patriotisme, mais l’idée très prosaïque que l’union comporte plus d’avantages que d’inconvénients. Leçon n° 2. Ville et campagne sont interdépendantes. Il existe cependant quelques tensions latentes, qui persistent aujourd’hui encore. Les frictions sont parfois inévitables, mais l’important reste de trouver un terrain d’entente, car il n’existe pas d’alternative. Leçon n° 3. Majorité et minorité ne vont pas l’une sans l’autre en politique. Les deux veillent avec suspicion à toujours y trouver leur compte. Une loi tacite veut que l’on respecte la minorité. Mais il n’y a pas de règle sans exception. Leçon n° 4. Les principales forces en tension dans l’équilibre politique sont le bien commun et l’intérêt personnel. Le premier est le plus fragile et tente de poser des garde-fous au second. Mais les actions brutales mettent en péril cet objectif et il convient de les éviter. Si les perspectives de réussite existent bel et bien, elles demeurent toutefois incertaines. Leçon n° 5. L’arme secrète de la Suisse est le compromis, l’art du possible. C’est cette aptitude qui permet, en 1481, de parvenir à l’ultime solution. Et cette aptitude est indispensable dans le contexte de la démocratie de concordance. N’oublions pas, cependant, que le compromis peut prendre mille et une formes. Dès lors, interrogeons-nous: comment fonctionne notre inconscient collectif? A-t-il une influence, par-delà les siècles, sur notre pensée et nos actions politiques? Comment les identités collectives évoluent-elles dans un pays comme la Suisse qui, jadis terre d’émigration, accueille aujourd’hui celles et ceux qui quittent leur patrie? Ces enjeux sont complexes, difficiles, incertains. Alors, Stans 1481: de l’histoire ancienne? Pas si sûr.

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