
Les partisans de l’Ossola dans les camps d’internement suisses
En 1944, de nombreux partisans des vallées de l’Ossola se réfugièrent en Suisse, où ils furent internés dans des camps isolés.
À l’issue de cette victoire éclair, les fascistes déclarèrent que près de 50 000 personnes s’étaient réfugiées en Suisse, un chiffre largement exagéré étant donné que la région ne comptait alors que 80 000 habitants. L’objectif était sans doute d’enjoliver le succès des forces fascistes. On estime de nos jours le nombre de réfugiés à 10 000 maximum, dont environ 3000 partisans.
La population frontalière valaisanne et tessinoise, très éprouvée par les événements et sachant parfaitement ce qu’impliquaient réellement l’occupation allemande et la présence fasciste de l’autre côté de la frontière, fut sans doute le levier qui poussa les politiciens locaux et cantonaux à prendre des décisions qui, fondamentalement, ne relevaient pas de leur compétence. De l’autre côté, l’Église, la Croix-Rouge et plusieurs autres organisations s’efforcèrent notamment d’aider la République d’Ossola. À leur arrivée en Suisse, les partisans éreintés ne reçurent toutefois pas une hospitalité chaleureuse.


Internement en Suisse
À l’issue de son interrogatoire, chaque partisan était conduit dans l’un des nombreux camps définitifs en Suisse. Si la personne avait franchi la frontière au Tessin ou en Valais, elle était généralement transportée de l’autre côté des Alpes afin de créer la plus grande distance possible avec son point d’entrée et la frontière.
Les partisans de l’Ossola finirent donc presque tous dans des camps d’internement en Suisse alémanique, pour beaucoup dans le canton de Berne: près de Thoune, à Mürren, Finsterhennen, au Gurnigel, à Büren an der Aare ou encore à Langenthal. D’autres furent transférés dans le canton de Zurich (Wetzikon, Girenbad et Wald bei Hinwil, Adliswil, Nänikon) ou d’Argovie (Bremgarten). Les camps étaient le plus souvent construits dans des endroits isolés afin d’éviter autant que possible les contacts avec la population civile.
Retour en Italie
Les possibilités de travailler restèrent très limitées pour les partisans restants. L’armée, qui était responsable du travail des internés, ne traitait les offres d’emploi des entreprises suisses qu’avec une extrême lenteur. Il y aurait pourtant eu assez à faire, notamment dans l’agriculture et la sylviculture, car la plupart des hommes suisses étaient alors en service actif. Les candidatures et demandes de travail furent malgré tout traitées à un rythme glacial, et l’analyse de centaines de dossiers d’internés donne l’impression d’une bureaucratie fonctionnant au ralenti, surtout vers la fin de la guerre. D’un point de vue contemporain, cette lenteur constitue une aubaine pour la recherche historique puisqu’elle permet de retracer précisément les séjours des réfugiés.


