Un jeune scout lance l’appel. Photographie prise vers 1940.
Musée national suisse / ASL

Toujours prêt!

Le mouvement scout existe en Suisse depuis un siècle. Les principes fondamentaux de cette organisation sont issus de l’armée et se sont rapidement diffusés à travers le monde.

Andrej Abplanalp

Andrej Abplanalp

Historien et chef de la communication du Musée national suisse.

C’est en 1910 que les premiers groupes de scouts se constituent. L’idée vient à Robert Baden-Powell, un officier britannique, alors qu’il organise un premier camp pour jeunes garçons en 1907. Vingt-et-un «boy scouts» passent alors dix jours sur Brownsea, une île du sud de l’Angleterre, et y explorent la nature. Ils portent un uniforme afin de cacher, du moins en apparence, leur différence de milieu social d’origine. Robert Baden-Powell rend compte des expériences vécues sur l’île de Brownsea dans une série d’articles publiée dans un journal. Plus tard, ceux-ci sont réunis dans le livre Éclaireurs. Avec un tirage d’environ 150 millions d’exemplaires, cet ouvrage est l’un des livres les plus imprimés au monde.

Le fondateur du mouvement scout est aujourd’hui encore respecté dans le monde entier et a été proposé à plusieurs reprises comme candidat au prix Nobel de la paix. Robert Baden-Powell n’est toutefois pas seulement un mentor pour les jeunes. En tant qu’officier de l’armée britannique, il est impliqué dans le conflit colonialiste de la guerre des Boers en Afrique du Sud. Il défend ainsi entre 1899 et 1900 la ville de Mafeking contre les Boers qui sont en large supériorité numérique. Il réussit à sauver la ville principalement grâce à une ruse: il fait croire aux opposants que ses soldats sont bien plus nombreux qu’ils ne le sont réellement. Les Boers n’osent alors pas attaquer et lorsque les renforts britanniques arrivent 200 jours plus tard, l’armée de Baden-Powell parvient à repousser les Boers.

Pour défendre Mafeking, chaque homme est indispensable. C’est pourquoi même les garçons à partir de 9 ans sont détachés pour certains services assez simples, tels que des tâches de messagers ou l’observation les mouvements des troupes des Boers. Ces jeunes «soldats» réalisent si bien leurs missions que Baden-Powell décide d’écrire un livre à ce sujet. C’est ainsi que l’ouvrage Aids to scouting voit le jour, enrichi de conseils et d’astuces sur les thèmes de la chasse, de l’analyse de traces ou encore de la médecine, que le Britannique a appris auprès de la population africaine. Ce livre, pensé comme une introduction pour les troupes d’éclaireurs militaires, rencontre un grand succès auprès des jeunes Britanniques et est même partiellement plagié.

Robert Baden-Powell lors d’une visite en Suisse, 1932.
Musée national suisse

DES IDÉES QUI SE PROPAGENT VITE

L’intérêt suscité chez les jeunes surprend Robert Baden-Powell. Il décide alors d’adapter son ouvrage. Après le camp de 1907, qui lui sert de test, il en publie une nouvelle version. Ses idées rencontrent un franc succès en Grande-Bretagne, se diffusent très vite et touchent rapidement aussi les jeunes filles. En 1910 sont créés les premiers groupes de scouts en Suisse, et un an plus tard les premières associations pour scoutes. Le mouvement suscite un fort enthousiasme, en particulier dans les villes. En octobre 1913, les associations des cantons de Genève, de Vaud, de Neuchâtel, de Berne, de Bâle, de Zurich et de Saint-Gall/Thurgovie fondent la Fédération des éclaireurs suisses (FES). Six ans plus tard, la Fédération des éclaireuses suisses (FESeS) voit le jour.

Pendant la Première Guerre mondiale, mais surtout pendant la seconde, les scouts interviennent comme assistants bénévoles. Ils aident par exemple la Croix-Rouge dans ses activités ou travaillent comme estafette ou assistant de bureau. Les services purement militaires ne font pas partie de leurs missions. En Allemagne, de nombreuses associations de scoutismes sont intégrées aux jeunesses hitlériennes. Mais comme cela se heurte à plusieurs obstacles, le mouvement est finalement dissous en 1938.

Cinquième camp de scouts suisse à Saignelégier, 1956.
Musée national suisse / ASL

DES SCOUTS CÉLÈBRES

Après la Seconde Guerre mondiale, le mouvement des scouts de Suisse ne cesse de se développer. Certes, les bouleversements culturels au sein de la jeunesse dans les années 1960 en freinent la croissance, mais il ne faut attendre qu’une décennie pour observer un regain d’intérêt. De nombreuses personnalités célèbres telles que le comique Beat Schlatter, Ellen Ringier ou l’ex-conseiller fédéral Otto Stich ont été scouts et se sont fortement engagés en faveur du mouvement après en être sortis, que ce soit en tant que membre du comité de parrainage ou membre du conseil de fondation de la Fédération des éclaireurs suisses (FES). Ce dernier est créé en 1987 avec le regroupement de diverses associations cantonales, aujourd’hui au nombre de 22. Il compte actuellement près de 47 000 membres. La FES est également responsable de la représentation suisse aux jamborees. Ces réunions internationales de scouts sont organisées tous les quatre ans et attirent des dizaines de milliers de participants. L’événement de 2019 se déroule en Virginie-Occidentale et dure jusqu’au 2 août.

Camps de scouts à Berne, 1925.
Musée national suisse

L’ex-conseiller fédéral Otto Stich a lui aussi été scout. Son habileté manuelle en a été la preuve lors d’un voyage du Conseil fédéral en 1995.
Musée national suisse / ASL

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