
Compétition et handicap: le sport en fauteuil roulant, modèle d’intégration?
Il va aujourd’hui de soi que les Jeux Olympiques se prolongent par les Jeux Paralympiques ouverts aux personnes en situation de handicap. Il aura pourtant fallu attendre 1988 pour que ces deux manifestations sportives soient irrémédiablement associées. Retour sur l’histoire du sport-handicap.
Mais quelle est l’origine de ces succès? Comment la pratique du sport s’est-elle ouverte aux personnes en fauteuil roulant? Quels ont été les facteurs déterminants? Ce chemin vers l’intégration est-il ou fut-il parfaitement rectiligne? Ce billet revient sur l’histoire du sport en fauteuil roulant et sur son évolution, à l’international et en Suisse. Il se limite au sport en fauteuil roulant, car c’est avec lui qu’est apparu le sport-handicap, et lui qui a joué un rôle central dans l’évolution des Jeux Paralympiques.
Les personnes handicapées ont longtemps été confrontées à l’exclusion, et le sont encore aujourd’hui: bâtiments inaccessibles, préjugés, insultes, fausse compassion, conditions de travail globalement difficiles... De nombreux aspects ont évolué dans le bon sens, mais la route est encore longue. Si le sport n’a pas toujours montré l’ouverture qu’on lui connaît aujourd’hui, il a offert tout au long de son histoire des possibilités de participation.
Les Jeux, reconduits chaque année, connaissaient une popularité croissante. En 1952, la manifestation de Mandeville accueillit pour la première fois une délégation sportive de Hollande, ce qui lui valut l’appellation d’«International Games» en 1953. Les compétitions de sport en fauteuil roulant se limitèrent longtemps aux disciplines d’été.
En 1960, les Jeux eurent lieu tout de suite après les Jeux Olympiques d’été de Rome, et dans les mêmes installations. Cet enchaînement, qui exploitait en toute connaissance de cause les synergies des conditions olympiques, leur donna une plus grande visibilité: les premiers Jeux Paralympiques étaient nés. Il fallait désormais les répéter tous les quatre ans, sur le modèle de leur équivalent olympique pour les «valides».
Ce n’est qu’en 1988, à Séoul, puis en 1992, à Barcelone, que le mariage définitif eut lieu et surtout, que les Jeux Paralympiques s’imposèrent dans la politique du sport. Désormais, les États qui souhaitent accueillir les Jeux Olympiques sont également chargés d’organiser leur pendant paralympique. Avec des retombées positives: audience en hausse et amélioration et élargissement constant des retransmissions et de la couverture médiatique en général.
On l’a dit au début de ce texte, les Suisses et Suissesses ne sont pas en reste dans ces compétitions. La Suisse s’est d’ailleurs impliquée très tôt dans le sport-handicap, alors même que son histoire ne l’a jamais confrontée à la problématique des blessés de guerre. Elle était présente dès 1956 à Stoke Mandeville. À Rome en 1960, elle était représentée par 60 athlètes des deux sexes, dont Denis Favre, qui remporta à cette occasion la première médaille d’or suisse de natation. Comme c’était et est encore le cas en Suisse, le soutien de long terme qu’offre l’Office fédéral du sport se double d’un système de milice typique de notre pays: d’innombrables associations telles que «ProcapSport», «PluSport Sport Handicap Suisse» ou l’«Association suisse des paraplégiques», affiliées à la Fondation suisse pour paraplégiques, portent les intérêts de cette population en matière de politique du sport et organisent des compétitions nationales et internationales.
Mais rien n’a pu arrêter la professionnalisation croissante du milieu, dans tous ses aspects, d’autant que les succès internationaux entraînaient une augmentation des subventions et attiraient l’attention des médias. Autre jalon incontestable sur le chemin de la reconnaissance et du développement sportif: l’innovation technique, qui a peu à peu été en mesure de fournir les moyens et les opportunités indispensables. Dans un pays peuplé de bricoleurs et d’ingénieurs, et grâce à la création novatrice du Centre suisse des paraplégiques en 1990, cela a été plus facile qu’ailleurs. C’est tout particulièrement vrai pour le sport en fauteuil roulant, où l’innovation technique offre un avantage compétitif. Les performances exceptionnelles de Manuela Schär, d’Edith Wolf-Hunkeler, de Marcel Hug, de Heinz Frei et d’autres athlètes encore sont le fruit, entre autres, des réglages sur mesure apportés à leurs fauteuils roulants d’excellence.
Swiss Sports History

Ce texte est le fruit d’une collaboration avec Swiss Sports History, le portail consacré à l’histoire du sport suisse. Ce dernier a pour vocation de fournir des services de médiation scolaire ainsi que des informations aux médias, aux chercheurs et au grand public. Pour en savoir plus, rendez-vous sur sportshistory.ch.


