Ce tableau mural, réalisé en 1937 par Otto Baumberger et intitulé Gaswerk (usine à gaz), illustre le thème de l’industrie.
Musée national suisse

Des tableaux muraux à l’école, un art à visée pédagogique

De nos jours, les enfants apprennent à l’aide d’ordinateurs ou de téléphones portables. Autrefois, le savoir était souvent transmis par des tableaux accrochés aux murs des salles de classe. Certains d’entre eux sont l’œuvre d’artistes renommés.

Andrej Abplanalp

Andrej Abplanalp

Historien et chef de la communication du Musée national suisse.

On eut recours aux tableaux muraux de la moitié du XIXe siècle à la moitié du XXe siècle. Ils furent de plus en plus populaires après l’introduction de la lithographie, une technique d’impression qui permettait pour la première fois la fabrication à moindre frais de ces tableaux bien particuliers. Outre les objectifs didactiques de ces œuvres, leur esthétique gagna en importance au début du XXe siècle et l’on fit souvent appel à des artistes pour les concevoir. Ce fut également le cas en Suisse.

Jusque dans les années 1930, la plupart des tableaux qui revêtaient les murs des salles de classe venaient d’Allemagne. Les planches murales y étaient produites en grande quantité depuis la fin du XIXe siècle. Durant l’hiver 1934/1935, le Conseil fédéral prit des mesures pour enrayer la crise économique. Parmi celles-ci figuraient l’arrêt des importations de matériel scolaire en provenance de l’Empire allemand. Mais cette décision cachait encore d’autres motivations. D’une part, les tableaux et les motifs devaient davantage être à l’image de la Suisse afin de promouvoir la cohésion nationale. D’autre part, la qualité des produits en provenance de l’étranger n’était pas toujours irréprochable.

Marta Seitz a réalisé un tableau mural sur le thème des abeilles en 1963.
Musée national suisse

En 1970, Andreas Barth a réalisé un tableau mural sur le thème de Jésus et de la femme adultère.
Musée national suisse

Des artistes renommés

Rapidement, un concours pour la réalisation de tableaux muraux fut instauré, financé par un fonds pour la création d’emplois en faveur des artistes d’arts plastiques. Pour chaque sujet, deux à trois artistes étaient invités à remettre une proposition à un jury composé de pédagogues et d’artistes. Au début, l’accent était mis sur l’aspect didactique des tableaux muraux. Avec le temps en revanche, on accorda davantage d’importance à leur conception. Il fallait qu’ils soient à la fois esthétiques et pertinents sur le plan pédagogique.

Pour le milieu artistique suisse, la création de tableaux muraux pour les salles de classe fut une source de revenus supplémentaires bienvenue. Des peintres et graphistes renommés tels que Hans Erni, Alois Carigiet ou encore Otto Baumberger participèrent aux concours et purent réaliser plusieurs projets. Avec la diffusion de nouveaux moyens techniques tels que les projecteurs de diapositives ou les rétroprojecteurs, l’âge d’or des tableaux muraux s’acheva dans les années 1960. Tout ce qu’il en reste aujourd’hui, ce sont de nombreux tableaux de valeur et des souvenirs de leçons qui semblaient interminables.

En 1972, Aldo Patocchi illustre la naissance de l’imprimerie dans un tableau.
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En 1937, Hans Erni représente l’extraction du sel dans un tableau mural.
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