Vierge à l'Enfant, 1170, bois de tilleul, découverte à Rarogne en 1924.

Le sommeil de la Belle au boisdor­mant vu autrement

Un artisan du Valais a trouvé en 1924 le chef-d'oeuvre roman le plus important de Suisse.

Andrej Abplanalp

Andrej Abplanalp

Historien et chef de la communication du Musée national suisse.

Ce n’étaient pas des roses qui veillaient sur le sommeil de la Vierge à l’Enfant assise sur le trône, mais des ossements humains. Et le sommeil ne dura pas cent ans, mais plusieurs centaines d’années. Cette sculpture fut pieusement ensevelie au XVIe siècle dans l’ossuaire de l’église de Rarogne, comme c’était l’usage en Europe. Peu à peu, elle disparut complètement sous les crânes et les fémurs. Cette sculpture en bois fut enterrée en raison de la reconstruction de l’église paroissiale entre 1510 et 1515. La Vierge romane était tout simplement passée de mode.

Ce n’est pas un prince qui l’a finalement réveillée de son sommeil en lui donnant un baiser, mais un artisan du Valais. Lorsque l’ossuaire de Rarogne fut restauré en 1924, cet artisan fut chargé d’enlever les ossements qui y étaient conservés. Et c’est là qu’il trouva, avec d’autres sculptures, le chef-d’oeuvre roman le plus important de Suisse.

Autres articles