Les sangliers aussi figurent souvent sur les armoiries.
Musée national suisse

Une chance incroyable

Pourquoi les cochons portent bonheur dans certains pays et pourquoi les Bernois ont eu de la chance d’abattre un ours...

Andrej Abplanalp

Andrej Abplanalp

Historien et chef de la communication du Musée national suisse.

Dans la culture germanophone, les cochons portent bonheur. La tradition remonte au Moyen Âge, à l’époque où ces animaux symbolisaient la prospérité. Omnivores, les porcs étaient relativement faciles à nourrir, car ils mangeaient les restes de table. Et, en se reproduisant rapidement, ils représentaient une source de nourriture pérenne pour leurs maîtres. En ce temps-là, posséder un cochon permettait donc de ne pas souffrir des disettes qui frappaient régulièrement une grande partie de la population.

Le cochon sauvage représentait déjà un mets de choix avant sa domestication par l’homme. Chassé et mangé depuis la nuit des temps, il n’était toutefois pas seulement apprécié pour sa chair juteuse. Le mâle incarnait la virilité chez les Germains. Les Celtes, qui le vénéraient pour son courage et son caractère belliqueux, en firent un symbole guerrier. Au demeurant, le sanglier apparaît souvent sur les blasons, même si le lion, l’aigle ou l’ours sont plus répandus.

L’ours, Bär en allemand, orne d’ailleurs les armoiries du canton de Berne. La légende dit que le duc Berthold V de Zähringen, fondateur de la cité, baptisa la ville du nom du premier animal sauvage qu’il aurait tué dans l’enceinte actuelle de la ville. Mieux vaut ne pas imaginer que ça aurait pu être une laie…

En abattant un ours et non un écureuil, un lièvre ou encore un sanglier, les Bernois ont donc eu une chance incroyable.

L’ours est le symbole de Berne depuis plusieurs siècles.
Musée national suisse

Duc Berthold V de Zähringen tue l'ours. Tschachtland Chronicle, vers 1470.
Zentralbibliothek Zürich, Ms A 120, e-manuscripta.ch

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