
Bâle, centre du sionisme
Le casino municipal de Bâle occupe une place centrale dans la création de l’État juif. La ville sur le coude du Rhin a en effet accueilli à dix reprises le congrès mondial du sionisme, notamment le tout premier, dont on commémore cette année le 125e anniversaire.
À la vérité, Theodor Herzl aurait préféré Munich pour cette réunion. Mais l’Association générale des rabbins allemands lui ayant refusé son soutien, il faut y renoncer. Alors qu’il recherche une ville accueillante et facilement accessible en train, l’avocat zurichois David Farbstein lui suggère de convoquer le congrès à Bâle. Il lui déconseille Zurich, où l’implantation de la police secrète russe est importante, proportionnellement à la communauté russe de la cité. Bâle lui semble plus indiquée, même si elle non plus n'est pas exempte d’antisémitisme. Herzl qui, avec son manifeste L’État des Juifs, a proposé en 1896, une «solution moderne de la question juive», se montre très intéressé. Bâle dispose d’un lieu de réunion digne de ce nom, son casino, et d’un hébergement susceptible de satisfaire les plus exigeants, le Grand Hôtel Les Trois Rois.
Son portrait sur le balcon de l’hôtel Les Trois Rois devient une icône du mouvement sioniste. Herzl comprend vite la dimension que prend Bâle dans son projet de création de l’État juif. Dès l’année suivante, la ville est à nouveau choisie pour accueillir le deuxième congrès. Cette fois-ci, 350 délégués participent, une affluence que l’hôtellerie locale voit d’un très bon œil. Le troisième congrès, en 1899, se tient également à Bâle. La vision de Herzl prend corps. Il peut désormais affirmer haut et fort qu’ «[il a] fondé l’État juif à Bâle». Pour la ville aussi, les congrès sionistes représentent une aubaine à divers égards. Son rayonnement s’en trouve accru.


