
La liberté de qui?
Le foulard musulman a souvent fait l'objet de vives controverses par le passé. Il permet d'illustrer l'évolution de la conception de la liberté de religion.
D’un point de vue juridique, la religion est « l’expression d’une perception individuelle du divin et du caractère transcendant » et constitue ainsi, en premier lieu, une affaire absolument privée. Comme diverses interactions se tissent entre les sphères privée et publique, il est difficile d’établir une limite claire entre les deux. Si une confession religieuse ou l’appartenance à une communauté religieuse est rendue visible, la religion devient perceptible aux yeux d’autrui et par conséquent une affaire publique. La liberté d’interprétation ainsi constituée s’applique aussi aux contestations juridiques influencées par les développements ou les discours historiques et sociétaux.
Depuis les années 1970, la Suisse a évolué d’un pays majoritairement chrétien à un pays marqué par la pluralité religieuse. Tandis que le nombre de fidèles de l’Église nationale baisse, celui des personnes non religieuses, des membres d’Églises libres et des communautés religieuses non chrétiennes augmente constamment. Les communautés musulmanes ont connu la plus forte augmentation, de 0,3% en 1970 à 5,4% en 2020. Après la chute du Mur de Berlin, un nouvel ordre bipolaire mondial s’est peu à peu imposé dans le débat public. Déclarés comme une menace internationale, l’«islamisme» et parfois généralement l’«islam» ont pris la place du «bloc de l’Est communiste». Cette perception s’est intensifiée suite aux attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center à New York.
L’enseignante a porté son cas auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme (CrEDH). Celle-ci a toutefois appuyé l’arrêt du Tribunal fédéral. La neutralité confessionnelle de l’école doit être défendue dans tous les cas. L’argumentation sur laquelle reposent les décisions de justice présentées ici renvoie cependant à des suppositions et des conceptions de normes tacites. Les questions suivantes notamment se posent : dans quelle mesure le port d’un voile menace-t-il « les droits et les libertés d’autrui » ainsi que « l’ordre public et la sécurité»? Pourquoi le fait d’interdire le voile plutôt que de le permettre contribue-t-il davantage à l’éducation de la tolérance et au respect mutuel? Et dans quelle mesure peut-on dire de manière générale que le voile est un symbole de soumission de la femme?
Port du voile à l'école: la question de la liberté religieuse se pose dans différents cantons suisses. 19h30 du 11.7.2013. RTS
Toute personne a le droit de choisir librement sa religion ainsi que de se forger ses convictions philosophiques et de les professer individuellement ou en communauté.


