La bienfaitrice de Zurzach
Le parcours de Soleure à Zurzach d’une jeune Égyptienne devenue sainte Vérène.
D’après la légende, la Légion thébaine qui migra vers le Nord au IVe siècle comptait une jeune Égyptienne du nom de Vérène dans ses rangs. On raconte qu’elle avait le don de guérison. Après le martyre des Thébains près de Saint-Maurice, Vérène se retira dans une gorge près de Salodurum (Soleure), où elle mena une vie pieuse, jeûna, pria et soigna des personnes aveugles ou possédées. La nouvelle se répandit, le flux de visiteurs s’intensifia et le tumulte devint finalement trop grand pour Vérène. Elle quitta la gorge et marcha le long de l’Aar jusqu’à Tenedo, aujourd’hui Bad Zurzach.
À cette époque, le lieu était une tête de pont au bord du Rhin, qui fut transformée en un camp fortifié après le repli des Romains. C’est là que Vérène trouva le calme auquel elle aspirait et soigna jusqu’à un âge avancé des malades et des personnes âgées. En y convertissant de nombreux païens au christianisme et en les baptisant, elle est peut-être à l’origine de la culture des bains d’aujourd’hui. La légende raconte qu’elle aurait converti des Alamans, ce qui est toutefois peu probable: même si Vérène avait effectivement vécu très longtemps, comme le rapportent certains récits, elle serait décédée bien avant l’arrivée des Alamans. Il est plus plausible que les convertis n’aient pas été des Germains mais des habitants d’une province gallo-romaine.
Après sa mort, Vérène fut enterrée selon les rites romains sur la route allant de Tenedo à Vindonissa. Une église fut par la suite construite sur sa tombe, déviant ainsi la route. Ce crochet a été conservé dans le tracé actuel.
Lorsque les Romains se retirèrent en 401, les derniers villageois romans s’installèrent dans l’ancien camp fortifié. Ils y érigèrent l’une des premières églises de la région, dont les fondations sont aujourd’hui encore bien visibles. Les fonts baptismaux entre l’église et les fortifications ont également été conservés. Ces derniers étaient suffisamment grands pour le baptême des adultes, qui plongeaient leur corps entier dans l’eau. C’est peut-être là que les premiers Alamans, alors païens, se firent baptiser.