Les braves
Les chroniqueurs grecs et romains appelaient les Celtes «les braves». Mais ce n’étaient pas seulement de valeureux guerriers: les Celtes étaient aussi d’habiles commerçants, actifs dans le négoce du métal.
Vers l’an 1000 av. J.-C., le fer s’affirme aux côtés du bronze. À la même époque, les Celtes surgissent des forêts d’Europe centrale. Il faut toutefois patienter encore 500 ans avant de voir apparaître les premières sources écrites, car pour les Celtes, la transmission orale était plus importante que l’écriture. C’est en tout cas ce que relatent les chroniqueurs grecs et romains – à qui l’on doit aussi le nom par lequel on a désigné ces nombreuses tribus. En effet, «keltoi» est un mot grec signifiant «les braves».
La zone habitée par ces braves s’étendait de l’Est de la France au massif du Wienerwald et au bassin pannonien, en passant par le sud de l’Allemagne et la Suisse. Ce que nous savons aujourd’hui de la première phase de la culture celtique nous vient essentiellement de découvertes archéologiques et l’un des plus importants sites lui a d’ailleurs donné son nom: l’époque de Hallstatt. Les Celtes commerçaient déjà avec les cités grecques et étrusques. Le métal était un bien facile à transporter, il avait de nombreuses utilités, et était donc très convoité, pas seulement chez les Celtes. Ils l’entreposaient dans d’innombrables petits «Fort Knox». L’un de ces forts fut construit à quelques kilomètres au sud-ouest de Fribourg, sur un éperon rocheux au confluent de la Sarine et de la Glâne. Protégé sur trois côtés par des parois abruptes, le terrain de quatre hectares ne devait être fortifié que du côté ouest.
Aujourd’hui encore s’élève à cet endroit un rempart de 12 mètres de haut, qui verrouillait autrefois le site. Mais il y a 2500 ans, le fossé était encore plus profond, l’enceinte encore plus haute, et les éventuels agresseurs se trouvaient face à un obstacle d’environ 20 mètres de hauteur. L’importance de cette impressionnante «salle du trésor» n’a toutefois dépassé les frontières de la région que pendant un bref laps de temps. Les fouilles ont montré que le site avait surtout été peuplé entre 535 et 480 av. J.-C., et la raison pourrait être liée à la Grèce. En effet, on peut penser que les cités grecques dont la révolte allait conduire aux guerres médiques s’armaient, et qu’elles avaient donc besoin de quantités importantes de bronze. Or Châtillon-sur-Glâne se trouvait pile sur l’axe commercial par lequel l’étain, indispensable à la fabrication du bronze, était transporté de Cornouaille et de Bretagne jusqu’à la Grèce. Ce flux s’est probablement tari peu à peu autour de l’an 500, car avec le passage de la civilisation de Hallstatt à la civilisation de La Tène (voyage dans le temps 6), le bronze a été définitivement évincé au profit du fer.