
De la «diversité pléthorique» au système d’unités
Le recours à une mesure commune a mis longtemps à devenir la norme. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, la Suisse comptait elle aussi une multitude d’unités de mesure et de poids. Même l’heure variait selon l’endroit où on se trouvait.
Des systèmes adaptés aux conditions locales
Dans la viticulture également, on utilisait des mesures basées sur l’estimation du travail fourni sur une période donnée, telles que le Mannschnitz ou l’ouvrier. Et dans l’économie alpestre, il existait, outre ces types de mesures de surface, des mesures basées sur le rendement, répondant à une même logique: la valeur d’un pâturage était estimée d’après le nombre de vaches qui pouvaient y paître en été.
Des mesures de différentes longueurs
Le statisticien, géographe et historien Franz Kuenlin, membre de sociétés savantes comme la Société suisse d’utilité publique ou l’Académie royale de Lyon, écrivit à ce sujet en 1834 dans son ouvrage Gemälde der Schweiz: «Force est de constater que les différentes mesures ne sont pas partout uniformes». Et: «Combien il est nécessaire de mettre un terme le plus rapidement possible à cette diversité souvent pléthorique».
La révolution venue de France
En 1835, douze cantons adhérèrent à un concordat définissant un «système suisse commun de poids et mesures», mis en place à partir de 1839. En outre, la Constitution fédérale de 1848 stipula: «La Confédération introduira l’uniformité des poids et mesures dans toute l’étendue de son territoire, en prenant pour base le concordat fédéral touchant cette matière.»
Cette tentative resta toutefois un vœu pieux, car la Suisse romande, la Suisse méridionale et le canton d’Uri s’obstinèrent à conserver leurs systèmes. Par conséquent, différents systèmes continuèrent à coexister. Il fallut attendre l’adhésion de la Suisse en 1875 à la Convention du mètre, précurseur du SI, pour enfin unifier les poids et mesures dans l’ensemble du pays.


La mesure du temps
Ainsi, les personnes qui prenaient le train au départ de Genève ou qui voyageaient via Genève devaient toujours avoir trois heures en vue: l’heure locale de Genève, l’heure de Berne, sur laquelle s’alignaient les trains suisses, et l’heure de Paris, selon laquelle les trains français circulaient. Sur la Tour de l’Île centrale à Genève figuraient donc trois horloges parfaitement visibles pour tous avec l’heure de Paris, l’heure de Genève et l’heure de Berne.
À partir du milieu du XIXe siècle, les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres pays adoptèrent des fuseaux horaires coordonnés, basés sur le méridien zéro de Greenwich. Et les pays voisins de la Suisse passèrent à l’heure commune d’Europe centrale le 1er avril 1892. Par la suite, le Conseil fédéral exprima dans un rapport au Parlement du 17 juin de la même année l’avis «que les circonstances mêmes ne permettent précisément pas de laisser notre pays à l’état d’îlot dans la grande mer internationale». Depuis 1894, la Suisse possède également un système de mesure du temps unifié, et depuis 1978, elle applique le système international d’unités à tous les poids et mesures.


